FAQ Bisexualité

Dernière mise à jour : 23/05/2025

Questions fréquentes sur la bisexualité

Qu’est-ce que la bisexualité exactement ?

La bisexualité est la double présence de l’homosexualité et l’hétérosexualité. Il s’agit d’une des orientations sexuelles reconnues comme minorité sexuelle et présente dans le sigle LGBT.

Est-ce qu’une personne bisexuelle est attirée de manière égale par tous les genres ?

Non. Il existe de nombreuses façons d’être bisexuel et de nombreuses personnes témoignent du fait que l’attirance qu’elles éprouvent n’est pas forcément équivalente entre les genres.

La bisexualité est-elle juste une phase ?

La bisexualité est une orientation relativement stable dans le temps. Plusieurs travaux de recherche ont suivi des individus sur dix ans. Ces travaux ont montré que la bisexualité féminine a une stabilité similaire à l’homosexualité féminine (toutes les deux étant légèrement plus variables que l’hétérosexualité féminine), et que la bisexualité masculine observait plus de variations dans le temps que l’hétérosexualité et l’homosexualité masculine, notamment concernant les préférences internes quand il y a une préférence pour un genre. En résumé, il arrive que la préférence pour un genre varie au cours du temps, ou que les personnes changent d’étiquette pour se définir, dans toutes les orientations sexuelles. Si on peut parler de variation de l’orientation, le modèle de la bisexualité comme phase transitoire n’est par contre pas valide scientifiquement (Diamond 2008; Mock & Eibach, 2012).

La recherche sur l’orientation sexuelle a montré que la bisexualité observe en moyenne plus de variations dans le temps en comparaison des autres orientations sexuelles, mais qu’on observait de légères variations d’orientation sexuelle dans toutes les orientations, qu’elles soient hétéro, gays, lesbienne ou bisexuelle (Diamond et al., 2017).

Ainsi, si on peut répondre avec certitude que la bisexualité n’est pas une phase, il est important de souligner que l’orientation sexuelle n’est pas gravée dans le marbre, qu’elle peut changer au cours de la vie chez beaucoup d’humains, et que même si la bisexualité n’est pas une phase, elle a plus de variations que les autres orientations. Il est normal et pas si rare d’observer des variations dans son orientation.

Comment savoir si je suis bisexuel·le ?

L’orientation sexuelle concerne l’attirance sexuelle. On peut donc se considérer bisexuel si on a ressenti de l’attirance sexuelle pour pour plus d’un genre au cours de sa vie. Il arrive cependant que des personnes préfèrent utiliser d’autres mots pour se définir et il est important de respecter l’étiquettes que chaque personne trouve la plus pertinente pour se définir.

La bisexualité disparaît-elle dans une relation monogame ?

Non, les personnes ne perdent pas leur orientation sexuelle quand elles commencent une relation monogame. De la même manière qu’une personne hétérosexuelle ou homosexuelle va continuer de ressentir de l’attirance pour d’autres personnes mais décider de ne pas investir ce désir si elle est en relation monogame, les personnes bisexuelles et pansexuelles vont continuer de ressentir de l’attirance pour plus d’un genre et peuvent décider de ne pas l’investir pour se concentrer sur leur relation monogame.

Quelle est la différence entre la bisexualité et la pansexualité ?

Le mot bisexualité vient du préfixe « bi », qui signifie « deux » et désigne les deux orientations hétérosexuelles et homosexuelles

Note : le 2 de bi ne désigne pas l’attirance pour « les hommes et les femmes », tout comme l’homosexualité ne désigne pas l’attirance pour « les hommes » et l’hétérosexualité ne désigne pas l’attirance pour « les femmes ». Le mot bisexuel est construit exactement comme les mots homosexuel et hétérosexuel. (Plus d’information sur la définition de la bisexualité ici).

Le mot pansexuel vient du préfixe « pan », qui signifie « tout » et désigne le fait d’être attiré par tous les genres ou indépendamment du genre. On observe cependant des descriptions de la bisexualité définissant l’attirance indépendamment du genre depuis les années 70, impliquant que la bisexualité intègre cette conception.

La recherche montre qu’il n’y a pas de différence entre la façon dont les bisexuels et les pansexuels décrivent leur attirance (Flanders 2018). Ces deux mots décrivent donc le même phénomène et le choix de l’un ou de l’autre pour se définir relève des préférences personnelles. Les scientifiques utilisent aujourd’hui le mot bi+ comme terme parapluie pour parler de toutes les personnes ayant de l’attirance pour plus d’un genre, qui inclue l’orientation pansexuelle (Feinstein et al., 2020; Davila et al., 2019; Dyar et al., 2021; Olivo et al., 2024). Cette question est plus approfondie dans l’article Bisexualité vs pansexualité : quelles différences ?

Quels sont les stéréotypes ou idées reçues sur la bisexualité ?

Les femmes bisexuelles et les hommes bisexuels subissent des stéréotypes négatifs différents.

Les stéréotypes sur les femmes bisexuelles sont les suivants : manipulatrice, prédatrice de lesbienne, séductrice et hypersexuelle, pourvoyeuse d’IST dans la communauté lesbienne, instable, infidèle, sans émotions, hétéro en recherche d’attention ou de sensation forte, « briseuse de coeur », et disponible pour des plans à trois.

Les stéréotypes sur les hommes bisexuels sont les suivants : gay refoulé ou dans le placard, porteur d’IST et en particulier du VIH, instable, infidèle, confus, pas digne de confiance, ouvert aux nouvelles expériences et incapable de maintenir une relation à long terme.

Ces stéréotypes sont véhiculées en particulier dans les productions culturelles.

La bisexualité est-elle acceptée dans la communauté LGBTQIA+ ?

Les bisexuels ont une longue histoire d’exclusion de la communauté LGBT, documentée et observée dans plusieurs pays. Aux USA en 1980 l’intense harcèlement vécu par la militante Lani Ka’ahumanuna lors de son coming out bisexuel dans sa communauté lesbienne a marqué le début du militantisme bisexuel américain (Rose 2022). En 1985 le centre gay et lesbien de Londres bannit les bi et la communauté BDSM sur demande des lesbiennes (Clews 2019). En France, en 1995, l’association Bicause est fondée par des femmes bi qui ont été humiliées au centre gay et lesbien de Paris quand des lesbiennes ont découvert qu’elles étaient bi et non lesbiennes. Aujourd’hui, les bisexuels vivent encore régulièrement des expériences de rejet dans la communauté LGBT, plus particulièrement pour les femmes et personnes non binaire (McInnis et al., 2022), mais les choses se sont considérablement améliorées, et la majorité des personnes bi expriment que même si elles continuent d’avoir de la difficulté à être out complètement, elles sont acceptées la plupart du temps ou totalement dans la communauté (Price et al., 2020).

Quels sont les défis spécifiques rencontrés par les personnes bisexuelles ?

Les personnes bi et pan sont sujettes à la biphobie. Cette discrimination a de nombreux impacts directs et indirects. Les femmes bisexuelles sont plus battues et violées que les lesbiennes et les femmes hétéro (Berméa et al., 2018). Les violences conjugales infligées aux bisexuelles sont plus graves que celles infligées aux lesbiennes et femmes hétéro quand on détaille le type de violence subies (étranglement, avoir sa tête frappée contre une surface dur, etc.) (Walters et al., 2013), elles sont moins enclines à reporter les violences sexuelles qu’elles subissent (Flanders et al., 2019), elles ont plus de problèmes de santé mentale que les lesbiennes et les femmes hétéro (Colledge et al., 2015), elles sont moins payées que les lesbiennes et les femmes hétéro (Mize 2016) et meurent plus tôt que les lesbiennes et les femmes hétéro (McKetta et al., 2024).

Concernant les hommes bisexuels, ils suivent les mêmes tendances du côté masculins, ayant plus de symptômes anxieux et dépressifs que les hommes gays et hétéro (Ross et al., 2018), sont moins payés que les hommes gays et hétéro (Mize 2016). Concernant les violences conjugales, alors que 25% des hommes gays ont vécu des violences conjugales, 40% des hommes bi en ont vécues (Callan et al., 2021).

Existe-t-il des ressources ou des associations pour les personnes bisexuelles ?

Il existe des collectifs et associations bi et pan sur tout le territoire français, dont voici une liste non exhaustive :

Bi Pan Paris

Front d’Action Bisexuel

Bicause

Bi Pan Bruxelle

Bi Pan Liège

Bi Pan Nancy

Bi Pan Montpellier

Le Bi.stro (Tours)

Le fourbi (Dijon)

Le clic-clac (Bordeaux)

De nombreuses antennes LGBT ont également des groupes dédiés.

Autres auteurs sur la bisexualité :

La newsletter bie

Bi furieuse

Paye ta bi

Paye ta pan

Precarité Inclusive

Médias bi :

Tomcat Bi Pan – l’actualité des meufs bi et pan

Bi comme bifurquer – Curation d’œuvres d’art sur la bisexualité

BiBli Bi : bibliographie francophone sur la bisexualité

Comment soutenir un proche qui est bisexuel·le ?

Reconnaître la bisexualité de son proche et l’affirmer est une forme de soutien. Cela peut passer par le fait de partager du contenu sur la bisexualité quand on en voit, envoyer des références à la bisexualité à son proche (images, memes, contenu bi) pour montrer son intérêt, lire du contenu sur la bisexualité et partager ce qu’on a compris, poser des questions à son proche sur la façon dont il vit sa bisexualité ou comment il a découvert qu’il était bi, défendre son proche quand un tiers nie sa bisexualité, remet en question son honnêteté ou propage des stéréotypes négatifs sur la bisexualité.

Étant donné la prévalence des violences conjugales vécues tant par les femmes bisexuelles que les hommes bisexuels, les personnes en couple avec une personne bi peuvent s’éduquer sur les violences conjugales et s’assurer de chercher de l’aide en cas de difficultés conjugales.

Sources :

Diamond, L. M. (2008). Female bisexuality from adolescence to adulthood: results from a 10-year longitudinal study. Developmental psychology, 44(1), 5.

Mock, S. E., & Eibach, R. P. (2012). Stability and change in sexual orientation identity over a 10-year period in adulthood. Archives of sexual behavior, 41, 641-648.

Diamond, L. M., Dickenson, J. A., & Blair, K. L. (2017). Stability of sexual attractions across different timescales: The roles of bisexuality and gender. Archives of Sexual Behavior, 46, 193-204.

Martin Duberman (1974), Cité dans l’ouvrage “The Bisexual Movement’s Beginnings in the 70’s”, Stephen Donaldson, part of the book Bisexual Politics: Theories, Queries and Visions, edited by Naomi Tucket (1995). Dans la compilation de Kraviz Marshal, “The Bisexual History They Don’t Want You to Know (2020).

Flanders, C. E. (2018). Defining bisexuality: Young bisexual and pansexual people’s voices. In Under the Bisexual Umbrella (pp. 39-57). Routledge.

Feinstein, B. A., Xavier Hall, C. D., Dyar, C., & Davila, J. (2020). Motivations for sexual identity concealment and their associations with mental health among bisexual, pansexual, queer, and fluid (bi+) individuals. Journal of Bisexuality, 20(3), 324-341.

Davila, J., Jabbour, J., Dyar, C., & Feinstein, B. A. (2019). Bi+ visibility: Characteristics of those who attempt to make their bisexual+ identity visible and the strategies they use. Archives of Sexual Behavior, 48, 199-211.

Dyar, C., Feinstein, B. A., Sarno, E. L., Pirog, S., Newcomb, M. E., & Whitton, S. W. (2021). Prospective associations between bi+ minority stressors and internalizing symptoms: The mediating roles of general and group-specific processes. Journal of Consulting and Clinical Psychology, 89(10), 845.

Olivo, V. B., Prieto, K., & Copeland, O. M. (2024). You Can Stand Under My Bi+ Umbrella: Exploring Students’ Chosen Plurisexual Identity Labels. In LGBTQIA Students in Higher Education: Approaches to Student Identity and Policy (pp. 90-110). IGI Global.

Rose (2022). How Lani Ka’ahumanu Propelled Bisexual+ Visibility. Blurred lines. https://blurredbylines.com/articles/lani-kaahumanu-bisexual-activism-san-francisco-lgbtq/ (consulté le 21/11/2024)

Clews (2019). The bigotry against bisexuals. Gays in the 80s. https://www.gayinthe80s.com/2019/10/the-bigotry-against-bisexuals/ (consulté le 21/11/2024)

McInnis, M. K., Gauvin, S. E., Blair, K. L., & Pukall, C. F. (2022). Where does the “B” belong?: Anti-bisexual experiences, self-stigma, and bisexual individuals’ sense of belonging. Journal of Bisexuality, 22(3), 355-384.

Price, D. M., Gesselman, A. N., & Garcia, J. R. (2020). Single bisexual men’s and women’s perceptions of acceptance in the LGBTQ community. Journal of Homosexuality, 67(14), 1923-1947.

Bermea, A. M., van Eeden-Moorefield, B., & Khaw, L. (2018). A systematic review of research on intimate partner violence among bisexual women. Journal of Bisexuality, 18(4), 399-424.

Walters et al. (2013). The National Intimate Partner and Sexual Violence Survey: 2010 Findings on Victimization by Sexual Orientation.

Flanders, C. E., Anderson, R. E., Tarasoff, L. A., & Robinson, M. (2019). Bisexual stigma, sexual violence, and sexual health among bisexual and other plurisexual women: A cross-sectional survey study. The Journal of Sex Research.

Colledge, L., Hickson, F., Reid, D., & Weatherburn, P. (2015). Poorer mental health in UK bisexual women than lesbians: evidence from the UK 2007 Stonewall Women’s Health Survey. Journal of Public Health, 37(3), 427-437.

Mize, T. D. (2016). Sexual orientation in the labor market. American Sociological Review, 81(6), 1132-1160.

McKetta, S., Hoatson, T., Hughes, L. D., Everett, B. G., Haneuse, S., Austin, S. B., … & Charlton, B. M. (2024). Disparities in mortality by sexual orientation in a large, prospective cohort of female nurses. JAMA.

Ross, L. E., Salway, T., Tarasoff, L. A., MacKay, J. M., Hawkins, B. W., & Fehr, C. P. (2018). Prevalence of depression and anxiety among bisexual people compared to gay, lesbian, and heterosexual individuals: A systematic review and meta-analysis. The journal of sex research, 55(4-5), 435-456.

Callan, A., Corbally, M., & McElvaney, R. (2021). A scoping review of intimate partner violence as it relates to the experiences of gay and bisexual men. Trauma, Violence, & Abuse, 22(2), 233-248.